Agir vite, regarder loin. Pour une écologie qui créé, qui fait, qui construit.

juillet 25, 2013 at 4:24 4 commentaires

« Agir vite, regarder loin. Pour une écologie qui créé, qui fait, qui construit » est la Contribution en vue du Congrès 2013 d’EELV à l’écriture de laquelle j’ai été associée et que j’ai signée pour l’écologie et notre mouvement. Une contribution que je vous invite à lire ci-dessous. Et si vous êtes coopérateurs-trices ou adhérent-es EELV, que vous vous y reconnaissez, je vous invite à la signer…

« AGIR VITE, REGARDER LOIN. POUR UNE ECOLOGIE QUI CREE, QUI FAIT, QUI CONSTRUIT ».

« Un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse. »
Proverbe africain

renouée niedermatten 25-10 067

Il faut écouter ce qui pousse, pas seulement ce qui chute. Il faut lever les yeux, regarder plus loin que les crises et les menaces, pour voir que, dans ce monde-même, se forgent et s’inventent déjà d’autres mondes.

Pour voir celles et ceux qui, sans rien ignorer des périls à l’oeuvre, explorent des futurs souhaitables. Celles et ceux qui inventent, concrètement, les transitions vers une « société écologique ». Qui créent des systèmes d’échanges locaux et des coopératives d’énergie verte, sèment les villes de potagers. Qui réemploient, recyclent, collaborent, covoiturent et autopartagent ; qui explorent une économie de la coopération, du don et de la réciprocité. Qui tentent la reprise collective de leur entreprise, engagent la conversion de l’industrie. Qui veulent changer toute l’économie, et pas seulement ses marges. Qui résistent, aussi, à la construction d’un aéroport, d’une centrale nucléaire, d’une rocade routière ; à l’expulsion d’une famille de sans-papiers, à l’écrasement des salariés précaires par le sous-emploi ; à la colonisation de la vie entière par la logique marchande, à l’artificialisation de la nature, à l’industrie de la consolation, qui s’obstine à remplacer par des objets les liens qu’elle détruit. Celles et ceux qui recréent du possible. Qui bricolent des milliers de changements à bas bruit, témoignant que la transition a déjà commencé.

Aucun de ces combats n’est de « témoignage ». Tous participent d’une alternative globale, tâtonnante et encore incertaine, mais bien présente.

Dérèglements climatiques, épuisement accéléré des ressources naturelles et de la biodiversité, crises alimentaires et énergétiques, menaces d’effondrements économiques et démocratiques… Ce qui est devant nous est immense. L’inventaire des menaces a déjà rempli des centaines de rapports scientifiques, de brochures militantes et même de discours officiels. Mais ces derniers peinent à se traduire en actes, tant persiste l’aveuglement des classes dirigeantes, et l’actuel gouvernement de notre pays ne fait que trop rarement exception. Mais s’il y a bien un vieux monde en déclin, il y a aussi quelque chose de neuf qui émerge, comme pousse une forêt. Notre écologie est là. Car le parti de l’écologie politique ne peut vivre que s’il cultive des liens étroits avec les pratiques de l’écologie concrète.

Partout où ils-elles sont présent-e-s, les élu-e-s et les militant-e-s écologistes soutiennent ces pratiques, ces initiatives, ces innovations. Là où des collectivités mettent en oeuvre des politiques en faveur de l’économie sociale et solidaire, des énergies renouvelables, des systèmes agricoles durables, des mobilités douces, et tant d’autres choix qui visent à faire le monde commun plus vivable, il y a des écologistes. Sachons dire ce que nous portons d’avancées, et ce que ces avancées portent de capacités transformatrices : un vélo ou un pedibus, ce n’est pas seulement un moyen plus sain, plus sûr et moins polluant de se déplacer, c’est aussi une autre manière d’appréhender la ville et d’y nouer des liens. Une politique courageuse en faveur du logement ce n’est pas seulement un toit pour tout-e-s, c’est aussi réduire la facture des plus fragiles en rénovant et construisant autrement.

Les élections européennes de 2009 et la création d’Europe Écologie l’ont montré : quand l’écologie est accueillante, rassemblée et rassembleuse, quand elle enracine dans le quotidien ses propositions pour l’avenir, elle est entendue. Ce n’est ni un casting ni une simple conjonction d’événements qui expliquent ce succès, prolongé aux élections régionales l’année suivante : nous proposions une réponse politique qui faisait écho à ce qui, au delà des appareils politiques et des systèmesinstitutionnels, fourmillait de neuf dans la société. Nous n’inventions pas le changement, nous en étions le haut-parleur.

Reste que les liens sont aujourd’hui trop distendus entre ces initiatives innombrables et notre parti, qui aurait pourtant vocation à en être le porte-parole et le débouché politique. La tâche de notre mouvement est de devenir l’un des espaces où peuvent s’élaborer des synthèses entre ces dynamiques, où pourra se préciser la cohérence entre ces mouvements disparates, qui ont tant en commun et tout à partager. Parce que nous sommes européens et internationalistes, nous pouvons expliquer ce qu’il est de commun entre les révoltes contre les usines polluantes en Chine ou en Inde et la violence des délocalisations en France. Mais notre force est le refus d’opposer le « plombier polonais » et « l’ouvrier de Florange ». Notre force, dans un monde complexe et plus opaque, est de dire en quoi les combats pour l’environnement et pour l’emploi, pour la solidarité et la justice, sont d’égale importance, en ce qu’ils concernent la dignité de tous-tes.

Nous avons gagné une première bataille culturelle, capitale. Les conservateurs parlent fort et s’agitent en tous sens, mais la pertinence de l’analyse écologique n’est plus un objet de débat. Nous devons appréhender en conséquence notre propre action politique. Lanceurs d’alerte et opposants, il nous revient aussi de porter des solutions, d’être collectivement force de propositions. Être la force qui, même minoritaire dans les urnes, fait émerger les majorités nouvelles dans la société. Dans tous les secteurs, il existe désormais assez de porteurs du changement ou de personnes qui aspirent à ce changement. Il faut apprendre à les repérer et à les fédérer, non derrière une bannière, mais pour des projets concrets.

Ce congrès doit être l’occasion de voir plus loin que la seule question de notre maintien au gouvernement et de nos relations avec la majorité. Car la réponse, quelle qu’elle soit, ne fonde pas une stratégie globale et durable d’action. Ni ne dit comment nous entendons nous adresser à la société française et travailler en son sein. Que nos décisions nous amènent à quitter le gouvernement ou à y rester – et le débat doit pleinement être ouvert et assumé – cette question là ne doit pas évacuer les autres. On pourra convoquer en tribune toute la geste martiale des congrès, multiplier les plus talentueuses et tempétueuses expressions personnelles, faire la liste des manquements et des tiédeurs du gouvernement, faire applaudir de vibrants plaidoyers pour une autre politique. Et nous applaudirons. Mais après ? Quel cap entendons-nous nous donner à nous-mêmes ?

Rien selon nous n’est plus important, à cette heure, que ce chantier. Quel parti écologiste voulons nous, pour mieux convaincre que la transition est possible vers d’autres manières d’habiter et se nourrir, de produire et de consommer, d’être et de vivre ensemble ; d’autres manières aussi de décider de notre avenir commun, radicalement différentes de celles qui ont structuré nos vies et nos imaginaires ? Quel parti écologiste pour soutenir ce qui déjà bouillonne, ces changements portés par des minorités créatives, qui peuvent offrir une perspective et une prospérité nouvelles pour toute la société ?

Pour notre part, nous voulons voir poursuivre et amplifier le travail engagé : renouer le lien avec les forces syndicales ; renforcer le dialogue avec toute la société, y compris avec celles et ceux qui nous ont parfois été hostiles ; inscrire pleinement l’écologie dans le champ intellectuel, en faisant vivre la Fondation de l’écologie politique, enfin créée cette année. Poursuivre le débat avec les associations et avec les autres forces politiques de gauche, qu’elles se reconnaissent ou non dans l’action du gouvernement. Approfondir le travail là où on nous attend, aller aussi là où on ne nous attend pas. Porter pleinement une écologie concrète, une écologie des solutions.

Voilà à quoi nous devons être utiles. Voilà la fonction du parti de l’écologie politique. Voilà ce que doit fixer notre congrès. Non pas commenter et dénoncer, mais prendre notre part, toute notre part, de l’obligation de faire. L’écologie des solutions, c’est une écologie qui refuse de simplement constater les désaccords existants dans la société, mais s’efforce au contraire de les réduire. Le productivisme agricole empoisonne producteurs et consommateurs ? C’est avec les consommateurs et avec les producteurs qu’il faut trouver les moyens d’en sortir. Ne pas placer en position d’accusés celles et ceux qui, pour l’heure, veulent résister au changement parce qu’ils auraient le sentiment d’y perdre. Engager, toujours et inlassablement, le dialogue, lier et relier. Produire, dans les conditions du monde tel qu’il est, dans les conditions de la France telle qu’elle est, les solutions pratiques par lesquelles passe le changement, les compromis sans lesquels aucune avancée n’est possible, aucune ligne ne bouge.

Le compromis, c’est la reconnaissance de l’autre, le signe d’une démocratie active, d’une société qui sait changer. Le compromis ne s’oppose pas à la radicalité, si l’on n’oublie jamais que la véritable radicalité n’est pas une intention, mais un résultat. Qu’elle n’est pas une parole, mais des faits. Le compromis, c’est la capacité toujours renouvelée de créer des majorités de projet et d’action, pour continuer d’avancer. Les écologistes préfèrent un compromis perfectible dans la réalité qu’un programme parfait sur le papier. La France – et l’Europe – de 2030 ? Beaucoup en parlent. Les écologistes la préparent. Cela requiert d’agir et, oui, de prendre des risques, dont seul l’avenir pourra nous dire s’ils étaient bien calculés.

Voilà l’écologie que nous voulons. Une écologie qui propose une vision du monde pleinement subversive, en ce qu’elle remet en cause les dogmes communs des productivismes et des conservatismes de droite et de gauche, mais qui sache aussi entendre le besoin de réassurance de nos concitoyens, leur disponibilité à accepter le changement s’ils-elles peuvent en maîtriser les étapes, si les transitions sont sécurisées. Une écologie qui suscite plus de désir que de crainte, qui aide chacun à se projeter dans des imaginaires et des trajectoires de vie nouvelles. Une écologie qui ne cesse de soutenir et de voisiner avec celles et ceux qui, à côté d’un système à bout de souffle, prennent soin du monde et bâtissent des îlots de résistance, d’invention, d’innovation.
Une écologie qui affirme sa différence, sa créativité et assume de vouloir transformer le réel. Une écologie qui ne taise rien des risques encourus, mais qui laisse ouvertes les chances de les réduire. Pas une écologie du commentaire moralisateur, mais une écologie qui créé, qui fait, qui construit.

Les premiers signataires :
Martine Alcorta (Aquitaine), Laurent Audouin (Ile de France), Sandrine Bélier (Alsace), DavidBelliard (IDF), Jean-Paul Besset (Auvergne), Alexis Braud (Pays de la Loire), ThierryBrochot (Picardie), Pascal Canfin (IDF), Cyrielle Chatelain (Franche-Comté), Pascale Chiron (Pays de Loire), Guillaume Cros (Midi-Pyrénées), Bruno Delport (PACA), Fanny Dubot (Rhône-Alpes), François Dufour (Basse-Normandie), Jacques Fernique (Alsace), Florence Guéry (IDF), Perrine Hervé-Gruyer (Haute-Normandie), Julie Laernoes (Pays de la Loire), Jean-Philippe Magnen (Pays de la Loire), Mickaël Marie (Basse-Normandie), Jacqueline Markovic (Languedoc-Roussillon), Agnès Michel (IDF), Alexei Prokopiev (IDF), Sandra Regol (Alsace), Julia Sanguinetti (Corse), Claude Taleb (Haute-Normandie), Bérénice Vincent (Aquitaine).

Membres d’EELV, vous voulez vous associer à cette contribution : répondez à ce post « votre prénom – nom – région » et n’hésitez pas à la faire circuler.

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4 commentaires Add your own

  • 1. Nathalie Paul Plumency  |  juillet 25, 2013 à 5:02

    Nathalie PAUL (Aquitaine)

    Réponse
  • 2. PAQUAUX  |  juillet 26, 2013 à 8:55

    Bernard PAQUAUX Bourgogne

    Réponse
  • 3. PEREZ Paquito  |  juillet 26, 2013 à 11:06

    Texte très fort auquel je souscris : écologie de combat, oui, parce que celà nous est imposé, mais écologie créative aussi, parce que nous sommes demain.

    Réponse
  • 4. Hilairet  |  juillet 27, 2013 à 8:26

    Agathe Hilairet (Pays de la Loire)

    Réponse

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